Du Nobel de Madame Ernaux

6/8/20232 min read

J'ai voulu écouter le discours de réception du Nobel de Madame Ernaux, comprendre de quel bois était fait son manifeste, exprimé  dans La place (Lien en bas de page)  : “Je ne me sens pas le droit de prendre le parti de l’Art, pour évoquer les êtres soumis à la nécessité.”

Ainsi explique-t-elle son style simplissime. Certains la tancent pour cela. D'autres l'admirent.

Certes, on pourrait lui répondre que  si Yourcenar ou  Goya avaient suivi ce principe pour sublimer leurs ressentis, nous n’aurions pas à notre disposition les  œuvres universelles qu’ils nous ont léguées.

Mais soit... Avant ce discours, l’hypothèse existait encore : il s’agissait d’une volonté, une affirmation. Et, de la même manière que certains méconnaissants ont pu reprocher à Edward Hopper de mal maîtriser la technique picturale des personnages – alors que ses œuvres de jeunesse démontraient le contraire – nous étions nous-mêmes ignorants d'une forme nouvelle de génie : l'absention de style, dont l'iconique madame Ernaux produirait la démonstration.

Or Madame Ernaux n’ayant aucun exemple probant d'une maîtrise passée, contrairement à Hopper, elle allait, me dis-je, s'emparer du présent, saisir l’occasion d’un grandiose et savoureux pied de nez, nous gratifier d'un discours de réception au Nobel d’une telle hauteur stylistique qu'il allait, d'un revers de style, balayer le mépris de classe dont elle avait toujours affirmé vouloir se venger. Autrement dit, battre l’ennemi en usant de son arme, cette fameuse belle langue que l'on dit de droite.  Bref, nous "claquer le beignet"...

Las… Ignorants et délaissés nous restâmes : Madame Ernaux s’avéra incapable de se hisser a la hauteur de l’enjeu : discours plat, nombriliste, sans relief, sans vision et définitivement sans style. 

J'insistai : Mais doute encore ! Pense contre toi ! Ton objectivité pourrait-elle être soumise à un biais quelconque ? Alors compare, écoute les discours de réception avec celui que madame Ernaux cite en modèle :  Albert Camus... 

Chose faite...Aussi celui de Steinbeck, et d'autres : qualité implacable, hauteur de style, vision... Toujours.

Alors s'est greffée en mon âme candide le goût amer d’une possible imposture. Celle d’un système de prescription  qui, à force d’être assujetti au principe marchand,  finit, jusqu’au plus haut degré de la pyramide,  par faire du succès de masse le maître étalon à l’aune duquel  se mesure désormais la valeur littéraire.

Grande dérive et règne de la banalité !

Et du doute : cette année là, Musso et Levy auraient-ils pu briguer le Nobel s'ils s'étaient prénommés Sylvaine et Martine ?

L LD B

Lien radio france

Nobel Camus : https://www.youtube.com/watch?v=6FAFMKiGTXk